Nostradamus
a écrit plusieurs milliers de vers «à message caché»
prophétisant de manière troublante et précise les plus grands
événements du futur. Le principale reproche fait aux
«Centuries» de Nostradamus est leur absence de dates. Pourtant,
il est possible de situer dans le temps les événements à venir
au cours de prochaines années. Depuis quatre cents ans, aucun
chercheur n'avait pensé à pratiquer les calculs auxquels je me
suis livré et qui me permettent d'expliquer avec précision le
travail du grand prophète;
Rappelons que Michel de
Notredame, plus connu sous le nom de Nostradamus, avait vu tous
les grands bouleversements de l'Histoire. Pour ne nous intéresser
qu'à notre époque, il avait par exemple prédit l'affaire du
Watergate, la chute du Shah, l'arrivée du socialisme en France,
l'attentat contre Jean-Paul II. Sur cela, tous ses traducteurs
sont d'accord. Où les choses divergent, c'est lorsqu'il s'agit de
l'avenir, sauf, là encore, sur quelques points spécifiques : la
troisième guerre, mondiale, la venue d'un sauveur et l'Apocalypse
en juillet 1999.
Les dates : un mystère
éclairci.
Depuis la publication des
«Centuries» de Michel de Notredame, en 1555, des centaines
d'ouvrages ont été écrits à travers le monde pour tenter de
comprendre et d'analyser les quatrains obscurs rédigés par celui
qui fut l'astrologue et le médecin de Catherine de Médicis.
Effectivement, parmi les
969 quatrains, 58 sixains et 141 «présages» que comportent les
«Centuries», rares sont ceux écrits dans un langage clair et
surtout parfaitement datés. Ils sont tous rédigés en vieux
français provençal et nécessitent une longue recherche
linguistique, une véritable traduction. Autre grave problème à
la compréhension des quatrains : ils ne sont pas classés par
ordre chronologique mais se suivent dans une volontaire
«pagaille», regroupés en dix centuries. Chacun doit donc
analyser les différents vers, selon le souhait de leur auteur :
les clés pour les déchiffrer et les interpréter sont
innombrables, ce qui explique la grande quantité de traducteurs.
Alors, les «Centuries»
sont-elles une auberge espagnole ? Chacun peut-il y trouver ce
qu'il a envie - ou ce qu'il redoute - d'y lire, selon son
caractère, son humeur, son optimisme ? Certainement pas ... On a
fait de Nostradamus un émule des «tireuses de cartes de bas
étage», ce qui a poussé certains de ses détracteurs à
affirmer que les «Centuries» ne sont rien d'autre que l'oeuvre
d'un illuminé qui, de nos jours, se serait vite retrouvé en
asile, ou bien aurait fait fortune grâce aux stupides
superstitions des masses. On a voulu voir en lui un mystificateur,
astucieux, avide d'argent, qui a su obtenir de son vivant,
honneurs et profits auprès du roi et de la reine de France puis,
après sa mort, une telle renommée qu'on parle de lui plus de
quatre cents ans plus tard ... Selon eux, les «Centuries» ne
sont qu'une escroquerie morale dans laquelle on peut lire et
trouver n'importe quoi : «Annoncer des guerres, de troubles, des
complots et des morts violentes, ce n'est prendre aucun risque
puisque ce sont là des banalités de l'Histoire». On lui
reproche de manquer de précision dans ses écrits. Les
obscurités abondent effectivement, donnant lieu à plusieurs
interprétations possibles d'un même quatrain. Mais Nostradamus
avait parfaitement envisagé les critiques et le scepticisme des
mondes futurs ...
Pour y répondre par
anticipation, il a habilement mêlé plusieurs quatrains
parfaitement clairs, précis, même, que les plus sceptiques de
ses détracteurs ne peuvent réfuter. Deux d'entre eux comportent
même une date précise, très lointaine par rapport à la date de
publication des «Centuries». Car, en effet, il est impossible de
parler de coïncidences à propos de ces quatrains. Si l'on
accepte donc ceux-là, il est évident qu'il faut accepter les
autres ...
Rappelons simplement le
quatrain consacré à la mort d'Henri II, le 10 juillet 1559, soit
quatre ans après la publication de ce texte.
«Le lion jeune le vieux
surmontera
En champ bellique par
singulier duel.
Dans cage d'or les yeux lui
crèvera,
Deux classes une, puis
mourir, mort cruelle."
«Le jeune lion vaincra le
vieux
Sur un terrain de tournoi
en combat singulier
Dans une cage d'or il aura
les yeux crevés
Dans l'un des deux combats,
avant de mourir d'une mort cruelle.»
Un texte parfaitement clair
puisqu' Henri II mourut, comme chacun sait, au cours d'un tournoi,
les yeux crevés par la lance de son adversaire, le comte de
Montgomery, lance qui avait perforé son heaume d'or.
Rappelons aussi et surtout
le fameux quatrain qui concerne la fuite à Varennes de Louis XVI,
Marie-Antoinette et le «petit mitron » :
«De nuit viendra par la
forêt de Reines,
Deux pars vaultorte, Herne
la pierre blanche,
Le moine noir en gris
dedans Varennes :
Eleu Cap cause tempête,
feu, sang, tranche.»
«De nuit viendront par la
forêt de Reines
Deux époux par un chemin
détourné
La Reine vêtue de blanc,
Le moine noir en gris
entrera dans Varennes :
Le premier Capétien sera
la cause de tempête, de feu, de sang, de tranche.»
Tous les sceptiques n'ont
pas d'argument à opposer à cette prédiction-là, encore très
nette.
Nostradamus ne s'est donc
pas laissé emporter par un délire pathétique mais il a
simplement voulu cacher ses messages aux profanes. Les quatrains
les plus clairs ne sont là que pour prouver qu'il n'est justement
pas un illuminé ou un escroc.
D'ailleurs, il a également
écrit quelques vers d'avertissement à ses futurs lecteurs. Les
deux premiers quatrains qui commencent les «Centuries» sont :
«Etant assis de nuit
secret étude
Seul, reposé sur la selle
d'airain,
Flambe exiguë sortant de
sollitude,
Fait prospérer qui n'est
à croire vain.»
«La verge en mains mise au
milieu de Branches
De l'onde il moulle et le
limbe et le pied.
Une peur et voix
frémissent par les manches,
Splendeur divine le divin
près s'assied.»
En voici l'explication :
«Etant assis de nuit et
étudiant dans le secret, seul, assis sur un siège d'airain, une
flamme minuscule apparaît dans ma solitude, et me fait écrire
des choses qu'il ne faudra pas croire vainement.
La baguette magique en
mains (ou le symbole du médecin) donnée à celui qui a le don
des prophéties, du flot de paroles, il moule la forme et les
vers. Il y a là de quoi faire frémir les simples, splendeur
divine le divin s'asseoit auprès de lui.»
Nostradamus veut expliquer
là que ses prophéties lui ont été dictées par une force de
l'au-delà. Dieu lui-même peut-être. Il ne faut donc pas les
prendre à la légère, il ne faut pas en rire ni s'en moquer. Il
faut les lire avec sérieux et sans fantaisie.
Il déclare ici n'être
qu'un instrument et ne bénéficier que d'une inspiration divine.
Il n'a pas lu dans les astres, il a simplement écouté et
retranscrit ce qu'il entendait, assis seul dans une pièce
déserte. Il conseille à son lecteur de ne pas se laisser
emporter par des divagations à propos de ces textes et au
contraire de les prendre très au sérieux, puisqu'on ne peut pas
douter de Dieu et qu'on ne peut surtout pas rire de Lui.
Exactement au centre de son
oeuvre, on trouve aussi curieusement quatre vers rédigés en
latin :
«Qui legent hosce versus
nature censunto ;
Prophanum vulgus et inscium
ne attrectato ;
Omnesque
Astrologi, Blenni,
Barbari procul sunto.
Qui aliter faxit, is, rite
sacer esto.»
Ce quatrain peut être
traduit ainsi :
«Celui qui lira ces vers
les juge intelligemment pour bien en comprendre le sens. Que le
profane et l'ignorant doivent s'en éloigner. Que les astrologues,
les sots et les barbares ne s'en approchent pas. Car quiconque
fera autrement sera maudit, ceci étant un rite sacré.»
Un tel avertissement aussi
catégorique était destiné à éloigner les impies et les
sceptiques, à les empêcher de rire de prédictions qu'ils
n'auraient jamais prises au sérieux.
N'oublions pas qu'à
l'époque, Nostradamus avait déjà beaucoup d'ennemis puisqu'il
était le médecin de Catherine de Médicis, et accomplissait
certains prodiges sur ceux qui faisaient appel à lui. On ne lui
pardonnait pas sa réussite et déjà, on affirmait qu'il était
un suppôt de Satan et était possédé des puissances infernales.
En fait, ceux qui le critiquaient et le dénigraient ainsi
étaient, non seulement des jaloux, mais aussi des individus qui
l'estimaient et le craignaient pour ses dons mystérieux.
L'avertissement en latin leur était donc sans doute destiné,
peut-être davantage encore qu'aux futurs lecteurs des
«Centuries».
Ceci est l'une des
explications du langage obscur, voire parfois hermétique,
utilisé par Nostradamus. Il craignait d'être considéré comme
un «prophète de malheur» car la grande majorité de ses
quatrains annonçait effectivement des catastrophes. Il ne voulait
pas non plus choquer l'opinion publique, ni surtout être mis au
ban de la société et rejeté par Henri II et Catherine de
Médicis. Mais, conscient de sa mission divine (il emploie
fréquemment le mot «divin» dans ses vers), il ne voulait pas
non plus refuser son devoir envers l'humanité et l'avenir. C'est
ainsi qu'il a glissé dans son texte des mots étrangers
(italiens, espagnols, allemands), des formes de phrases
provençales (son pays natal), et surtout de nombreux néologismes
inventés par lui, ainsi que des anagrammes de lieux. Par exemple,
le mot «coq» est indiscutablement le symbole de la France,
terroir du coq gaulois;
Le mot «noir» signifie
généralement le roi, anagramme auquel la lettre «n» a été
ajoutée.
Les mots «cerfan» ou «nercaf»
sont des anagrammes de France. Comme «Paris» est désigné par
«Sipar» ou «Rapis».
De même «Mazarin» est
devenu «Nizaram», et Henryc» s'appelle «Chyren» ou «Cheyrn».
Pour exemple encore, voyons
ce quatrain qui a longtemps paru incohérent aux traducteurs des
«Centuries» :
«Quand le fourchu sera
soutenu de deux peaux,
Avec six demi-cors et six
sizeaux ouvers
Le très puissant Seigneur,
héritier des crapaux,
Alors subjuguera sous soy
l'univers.»
Pour le comprendre, il
suffit de penser aux chiffres romains : «le fourchu», c'est le
V, ou encore le 5. Un «pal», c'est un I, ou si vous préférez,
un «un». Le «demi-cor», c'est bien sûr le C ou 100. Le «sizeau
ouver», c'est un V avec deux I de chaque côté, donc un M, ou
mille. Ce qui donne la date MCCCCCCXXXXXX, soit 1660, date du
début du règne de Louis XIV. Quant aux «crapaux», il s'agit
simplement de l'emblème des Mérovingiens, donc les Capétiens,
leurs héritiers. La traduction finale de ce quatrain est donc
tout simplement :
«En l'an 1660, un nouveau
et puissant très grand roi subjuguera sous lui l'univers ;
c'est-à-dire l'Europe Centrale et Occidentale.»
Il existe bien d'autres
clés encore à la traduction de tous ces vers ... Les
«Centuries» sont donc plus incontestablement un livre à clés,
à secrets infinis. Le tout est de les trouver et non
d'interpréter les vers selon ses goûts. Il faut savoir lire, il
faut savoir traduire les anagrammes, il faut jouer avec les
quatrains tel que Nostradamus l'a voulu, c'est-à-dire les
élucider tel des énigmes du Sphinx.
L'énigme Michel de
Notredame.
De tous les avertissements
de Nostradamus à ses lecteurs, c'est incontestablement la lettre
qu'il a écrite à son fils qui est la plus significative. Cette
importante «préface-dédicace» comporte certains passages
tout-à-fait révélateurs :
«Ayant voulu taire et
délaisser pour cause de l'injure, et non tant seulement du temps
présent, mais aussi de la plus grande part du futur, de mettre
par écrit pour ce que les règnes, sectes et régions seront
changés si opposites.»
Ces lignes disent la
volonté de dissimulation de leur auteur. Selon lui, toute
vérité n'est pas bonne à dire et c'est une règle que doivent
respecter tous les initiés.
Voici la traduction de
cette longue lettre.
A CESAR NOSTRADAMUS, VIE ET
FELICITE
Ton arrivée tardive,
César de Notredame, mon fils, m'a fait passer de longues nuits de
veille afin de te laisser ce mémoire par écrit, après ma mort,
pour le profit des hommes et lus particulièrement celui des
Français, à partir de ce que Dieu m'a donné à connaître
grâce au mouvement de ses astres. Puisque Dieu n'a pas voulu que
tu naisses dans cette région, je ne veux pas encore parler des
années passées mais des mois de guerre pendant lesquels tu ne
seras pas capable de comprendre ce qu'il me faudra te laisser
après ma mort : étant donné que je ne peux pas risquer de voir
cela détruit par l'injustice de notre époque. La prédiction
cachée dont tu hériteras sera cachée dans mon coeur.
Considérant que les prophéties racontées ici ne sont pas
déterminées et qu'elles sont régies et gouvernées par
l'immense puissance de Dieu, qui nous inspire non par ivresse ni
par délire mais par affirmation astronomique, ces prédictions
sont animées par la seule volonté divine et l'esprit de
prophétie. Depuis longtemps déjà, j'ai prédit à plusieurs
reprises ce qui devait arriver et dans les lieux mêmes où cela
est arrivé, grâce à l'action de la vertu et de l'inspiration
divine. J'ai dévoilé des aventures heureuses ou malheureuses
arrivées dans de nombreuses régions du monde. Mais j'ai voulu me
taire et laisser mon oeuvre à cause de l'injustice du temps
présent, mais aussi de celle des temps futurs. Je n'ai pas voulu
mettre par écrit ce que les gouvernements et les pays subiront de
changements parfois opposés.
Si j'avais dû rapporter ce
que sera l'avenir en langage clair, les gens de ces gouvernements
et de ces religions ne l'auraient pas admis, n'auraient pas
accepté de se savoir condamnés. Le Sauveur a dit : «Ne donnez
pas aux chiens ce qui est sacré et ne jetez pas les perles aux
porcs de peur qu'ils ne les foulent aux pieds et ne se retournent
ensuite contre vous». J'ai donc retiré de ma plume la clarté
populaire afin de n'utiliser que des phrases mystérieuses pour
relater l'avènement du communisme et des grandes causes à venir,
des grands changements humains, ceci afin de ne jamais scandaliser
les oreilles fragiles. Ma prophétie sera cachée à la fois aux
savants et aux sages, aux puissants et aux rois, mais révélée
aux petits et aux humbles grâce au Dieu immortel. Rien ne peut
s'accomplir sans Lui, car grande est Sa puissance et Sa bonté
pour les sujets auxquels Il donne la connaissance. Sa chaleur et
Ses bienfaits s'approchent de nous comme le font les rayons du
soleil qui jettent leur influence sur tous les corps. Nous,
simples humains, nous ne pouvons rien par notre seul esprit pour
connaître les secrets du Créateur. Il ne nous appartient pas de
connaître les temps, les lieux, ni les moments. C'est peut-être
pourquoi des personnages du futur peuvent être vus dès
aujourd'hui, parce que Dieu a bien voulu nous les révéler et
nous donner quelques secrets de l'avenir par ses inspirations ...
Mon fils, je te parle ici
d'une manière un peu obscure, mais cela doit exciter ta
compréhension en contemplant le soleil et la lune de même qu'en
lisant sans craindre de trop écrire. Encore une fois, tout
procède de la puissance divine du Dieu éternel, et de Sa grande
bonté. Mon fils, je me suis qualifié de prophète, mais je n'ai
pas le droit de m'attribuer un titre aussi sublime aujourd'hui.
Car qui est prophète aujourd'hui sera plus tard appelé voyant.
Un prophète est celui qui voit les choses lointaines grâce à la
connaissance naturelle de chacun. Il peut lui arriver de faire
apparaître des choses divines ou humaines dans son esprit, parce
que cela ne peut pas se faire autrement mais c'est en fait Dieu
Lui-même qui dicte ce qu'Il veut que l'homme sache. Les secrets
de Dieu sont incompréhensibles à l'homme et Il ne peut nous les
faire comprendre que par les mouvements du ciel ...
L'inspiration prophétique
tire son origine de l'émotion du Créateur, de la chance et de la
nature. Le présage se réalise en partie tel qu'il a été
prédit, car la compréhension venue de l'intelligence ne peut
être acquise d'une façon occulte sinon par la voie zodiacale qui
explique une partie des causes futures. Mon fils, je te supplie de
ne jamais employer ton intelligence à de telles vanités et à de
telles rêveries qui entraîneraient la perdition de ton âme ...
J'ai rédigé mes
prophéties par écrit avec le secours de l'inspiration et de la
révélation divine, par continuelle supputation. Craignant que
cette philosophie occulte ne soit condamnée dans l'avenir, je
n'ai pas voulu présenter ouvertement leur terrible persuasion.
Redoutant aussi que
plusieurs livres cachés durant de longs siècles ne soient connus
et ayant peur de ce qui pourrait en advenir après les avoir lus,
je les ai brûles. Tandis que le feu les dévorait, la flamme me
rendait une certaine clarté, comme la lumière violente provenant
d'un cataclysme qui aurait illuminé la maison, l'aurait
embrasée. Je ne voulais pas que les siècles à venir soient
abusés en recherchant des choses qui ne les concernent pas
directement, qu'ils ne doivent pas savoir, c'est pourquoi j'ai
allumé ce feu.
Il faut que tu saches qu'en
rejetant au loin les imaginations fantasques, il est possible
d'obtenir la connaissance du futur, en te limitant aux noms de
lieux grâce aux figures du ciel, et à la puissance et à la
faculté divines en présence desquelles le passé, le présent et
l'avenir sont compris dans le Temps parce que tout est simple et
manifeste. C'est pourquoi, mon fils, tu peux aisément, malgré
ton jeune âge, comprendre que les choses qui doivent arriver
peuvent être dites dès aujourd'hui grâce aux lumières
nocturnes et célestes qui sont naturelles et interprétées par
l'esprit du prophète. En tant qu'homme mortel, j'ai eu une
inspiration dont la perception est moins éloignée du ciel que
les pieds de la terre. Je suis un grand pécheur en ce monde mais
je ne peux tromper ni abuser, ni duper. J'ai composé des livres
de prophéties contenant chacun cent quatrains astronomiques que
j'ai voulu dire obscurément et qui constituent de perpétuelles
prophéties d'aujourd'hui à 3797. Certains douteront de leur
véracité en voyant une si longue étendue de temps. Pourtant,
toute la terre et tous les siècles en constateront les causes. Si
tu vis à l'âge moyen d'un homme, tu connaîtras certains
événements futurs et n'en sauras pas plus car seul le Dieu
éternel connaît l'Eternité.»
Notons ici d'une part que
le prophéties de Nostradamus s'étendent jusqu'à l'an 3797 et
non jusqu'en juillet 1999 annoncé comme étant la «fin d'un
monde». A ne pas confondre avec la «fin DU monde» ... Par
ailleurs, cette déclaration est la preuve intentionnelle que les
prophéties de Nostradamus peuvent être lues comme une sorte de
calendrier perpétuel, chaque quatrain pouvant avoir plusieurs
significations, plusieurs interprétations, toutes aussi précises
les unes que les autres. Il suffit pour les comprendre de les
«interroger» régulièrement. Mais poursuivons la lecture de
cette lettre.
«Ce qui est prédit par le
prophète et par l'intermédiaire de Dieu est vrai puisque cela a
pris son origine dans le ciel. Une telle lumière est plus
efficace que tout et le Créateur permet aux philosophes d'être
sûrs d'eux et d'atteindre les plus hautes doctrines en même
temps que les abîmes les plus profonds.
Afin que je ne sois pas
entraîné trop loin pour la capacité future de ta perception, tu
dois savoir, mon fils, que les hommes de lettres feront une très
importante et incomparable «jactance» sur la façon dont j'ai
décrit les événements du monde, avant que les bombardements et
les révolutions si fortes ne détruisent tout sur terre, hormis
l'Histoire et les lieux. Il ne sera guère de pays qui ne soit
touché par les catastrophes. C'est pourquoi avant et après ces
révolutions dans le monde, les pluies seront si réduites et il
tombera du ciel tant de feu et de projectiles incendiaires que
rien n'échappera à l'embrasement. Cela arrivera avant la fin de
l'année 1999 car la guerre tiendra le XXe siècle sous son
règne. Certains pays seront tenus par la révolution pendant
plusieurs années, tandis que d'autres connaîtront la ruine
pendant davantage d'années encore. Puis, avec le secours de la
Toute Puissance du Dieu éternel, la monarchie reviendra, puis
l'âge d'or, celui du Verseau, apparaîtra après 1999. La
révolution aura tout renversé de fond en comble, et, en 1732
arrivera la pestilence, la famine et les guerres à cause du
premier révolutionnaire.»
C'est Jean-Jacques Rousseau
qui est décrit ici, venu en 1732 à Paris, peu de temps après sa
sortie de l'hospice des Catéchumènes de Turin. Rousseau était
pour Nostradamus le «premier véritable révolutionnaire».
«Avant et après cette
date, le monde sera plusieurs fois diminué, inondé, et il y aura
tant de morts qu'on ne trouvera plus guère de personnes pour
s'occuper des camps dévastés. Après le jugement visible du
ciel, et avant que nous ne soyons parvenus au septième
millénaire, nous approchant du huitième où se trouve le
firmament de la huitième sphère, de dimension étendue et où
Dieu viendra faire Sa révolution, quand les constellations
reprendront leur mouvement, sa course ne durera pas dans les
siècles des siècles, car Sa volonté n'aura pas été faite.
C'est pourquoi le Créateur et Ses envoyés de feu viennent
aujourd'hui proposer à nos perceptions et à nos yeux les causes
des prédictions futures ...
Tout est prédit par un
souffle divin et grâce à l'esprit des anges, l'homme est
inspiré et deviendra prophète. Toute fantaisie lui est enlevée
par plusieurs apparitions nocturnes et par une certitude diurne.
Il prophétise grâce à l'astronomie et ne considère que son
courage dans la liberté.
Mon fils, tu dois venir
comprendre ce que mes calculs et l'inspiration m'ont révélés,
parce que le glaive de la mort s'approche maintenant de nous par
l'intermédiaire d'épidémies et de guerres de plus en plus
horribles, à cause de trois hommes. La mort frappera la terre et
reviendra souvent ainsi que l'a dit le Seigneur : la miséricorde
de Dieu ne se répandra plus pendant quelque temps, jusqu'à ce
que la plupart de mes prophéties ne soient accomplies dans leur
totalité. Le Seigneur n'aura pas de pitié et les hommes seront
brisés en même temps que la terre sera inondée par des pluies
de flammes et des révolutions. Je l'ai complètement rédigé et
écrit dans mes prophéties composées dans un discours sans
ordre, limitant les lieux, les temps et le terme fixé d'avance,
pour que les hommes à venir ne connaissent ces événements que
lorsqu'ils se seront infailliblement produits. Je l'ai aussi noté
parfois dans un langage plus clair et malgré certaines formes
voilées, ces choses deviendront aussi intelligibles lorsque
l'ignorance aura été dissipée.
Avant de terminer, mon
fils, prends donc ce cadeau de ton père Michel Nostradamus qui
souhaite que tu fasses connaître chacune des prophéties dites
ici dans chaque quatrain. Je prie Dieu immortel qu'Il veuille bien
te prêter longue vie et félicité.
De Salon, ce 1er mars
1555»
Pour Nostradamus, le hasard
n'existe pas. L'Histoire s'écoule naturellement d'une manière
cyclique. Les hommes n'en sont que les acteurs et n'interviennent
que parce que Dieu le veut, jouant un rôle écrit bien longtemps
à l'avance. Nostradamus se borne donc à lire dans les siècles,
ce que Dieu et les astres lui ont dicté dans ses nuits d'étude.
Il sait ce qui doit arriver, il prend au hasard une image du futur
et nous la fournit en l'exprimant en termes plus ou moins cachés.
Il a avoué un jour à son roi Henri II :
«L'injure du temps
requiert que tels secrets événements ne soient manifestés que
par une énigmatique sentence. Car telle est la coutume des mille
et deux prophètes qui ont été depuis la création du monde.»
Aujourd'hui, l'astrologie
scientifique remise à l'honneur depuis quelques années confirme
tout à fait l'opinion de Nostradamus, toute idée déiste mise à
part : les phénomènes terrestres et l'histoire des hommes
semblent bien écrits dans le mouvement des planètes.
Eléments de la vie de
Nostradamus.
Michel de Notredame a vu le
jour le jeudi 14 décembre 1503 à midi, à
Saint-Rémy-de-Provence. Fils du médecin Jacques de Notredame,
d'origine juive, récemment converti au catholicisme, Michel
étudie le métier de son père et fait de nombreux voyages pour
se perfectionner dans l'art médical en suivant les cours des plus
grands maîtres étrangers. En fait, son père, réfugié à
Avignon, était devenu notaire public en s'établissant à
Saint-Rémy où il avait épousé Renée de Saint-Rémy, une jeune
fille de famille totalement provençale. Les aïeux de la famille
de Notredame descendaient de la tribu d'Isachar, célèbre pour
posséder des pouvoirs très particuliers dans le domaine de la
science et des mystères du temps.
C'est pourtant dans sa
famille maternelle que le goût de l'astronomie lui est donné,
apparemment grâce à son oncle Jean de Saint-Rémy. Ancien
médecin, lui aussi, et passionné par les mathématique et
l'étude des astres. Hélas, à la mort de cet oncle, Michel se
retrouve seul pour étudier et part à Avignon pour apprendre la
grammaire et la logique, ainsi que l'arithmétique, la géométrie
et la musique. Sans oublier le latin, base à l'époque de tout
enseignement. C'est en réalité en 1521 qu'il se destine vraiment
à la médecine, tout en continuant à se perfectionner dans la
philosophie. Cinq ans plus tard, il part dans le sud-ouest de la
France et, à Narbonne, Toulouse et Bordeaux où il combat avec
succès une importante épidémie.
En 1530, il retourne à
l'Université de Montpellier où il a pour compagnon un certain
Rabelais. Trois ans après, il obtient le titre de docteur en
médecine et s'installe quelque temps à Agen où il bénéficie
de l'amitié d'un célèbre homme de lettres, Jules César
Scaliger. Scaliger avait pourtant la réputation d'un homme dur
qui se fâchait avec tout le monde. Michel de Notredame est une
exception. Il se marie à Agen et sa femme lui donne deux enfants.
Son bonheur ne sera pourtant que de très courte durée puisqu'il
perd toute sa famille dans des conditions étranges, jamais
éclaircies.
Jusqu'en 1545, on ne sait
plus grand'chose de ce qu'est la vie du médecin. Apparemment, il
se rend en Perse, puis voyage beaucoup en Italie, en Allemagne,
avant de séjourner dans le nord de la France, à l'abbaye d'Orval.
Quoi qu'il en soit, lorsqu'il revient à Aix en Provence, en 1546,
il est un homme très érudit qui va très vite conquérir
l'amitié et l'admiration de tous. Ainsi, il lutte contre une
terrible épidémie de peste qui ravage la région marseillaise et
fait procéder à des mesures de nettoyage dans toutes les maisons
et les rues, agissant ainsi comme un véritable précurseur de
l'hygiène. Ses qualités morales et ses connaissances techniques,
en même temps que son désintéressement et son courage, lui font
une merveilleuse réputation, d'abord en Provence, puis, bientôt,
dans toute la France. Il s'installe à Salon où il se marie pour
la seconde fois et où il rédige ses célèbres «Centuries».
Pendant très longtemps, il les conserve chez lui, en refusant de
les voir publiées. Il sait ses écrits très dangereux et craint
le mal qu'ils peuvent faire tant aux autres qu'à lui-même.
En 1556, Henri II l'invite
à la Cour, lui offre beaucoup d'argent, et le nomme Médecin et
Conseiller Ordinaire du Roy. Pourtant, ces hautes faveurs ne sont
pas les raisons de sa célébrité, pas plus que ses qualités de
médecin. C'est en fait ses dons remarquables d'astrologue et de
devin qui le font aimer de la Cour.
Car, si le médecin de
Salon avait une grande renommée, l'astrologue Nostradamus en eut
une plus bien grande encore. C'est d'ailleurs à ce titre que
Catherine de Médicis lui ouvre les portes du Louvre, puis celles
du Château de Blois.
Le 2 juillet 1566,
exactement à la date et à l'heure qu'il avait lui-même
prévues, Michel de Notredame s'éteint. Jean Aymes Chavigny est
le témoin de cette ultime prédiction :
«Que le temps de son
trépas lui fut notoire, même le jour, voire l'heure, je le puis
témoigner en vérité : me souvenant très bien que sur la fin du
jour de ladite année, il avait écrit de sa main aux
Ephémérides de Jean Stadius, ces mots latins : «Hic prope mors
est», c'est-à-dire : «Ici, proche est ma mort». Et le jour
avant qu'il fit échange de cette vie à l'autre, l'ayant assisté
longuement, et, sur le tard, prenant congé de lui jusques au
lendemain matin, il me dit ces paroles : «Vous ne me verrez pas
en vie au Soleil Levant» ...»
Mais qui a été le
véritable initiateur aux sciences occultes de Nostradamus ?
Danielle Hemmert et Alex Roudene nous donnent leur opinion de la
chose dans un ouvrage consacré à la magie et à l'occultisme :
«L'antique science des
disciples d'Hermès Trismégiste avait eu pour héritiers les
Arabes et les Juifs, ces derniers eux-mêmes détenteurs de
secrets non moins antiques de la Kabbale.
Or, le père de Michel de
Notredame est un juif et un médecin, double raison pour être
initié à la doctrine de Kabbale, pour pratiquer alchimie et
astrologie, chiromancie et tous autres arts divinatoires.
Comme tant de Juifs des
temps bibliques, Michel possède le don de prophétie.
Mais le don n'est pas tout,
il faut y joindre beaucoup de connaissances, beaucoup de travail,
beaucoup d'entraînement, si l'on peut ici employer un terme
aujourd'hui réservé au sport.
Pour devenir un initié, il
faut fréquenter longuement des maîtres, eux-mêmes initiés, qui
aident le disciple dans sa quête spirituelle, quête souvent fort
pénible, et qui n'ouvre ses arcanes qu'à celui qui sait s'en
rendre digne. Il paraît que Michel de Notredame se rendit, alors
qu'il avait trente ans, en Egypte, et qu'il y fit retraite pendant
plusieurs années, dans des chambres secrètes de la Grande
Pyramide, où des maîtres de la plus haute sagesse
l'instruisirent dans toutes les sciences de la Tradition, avant de
lui conférer enfin le grade le plus élevé de l'initiation.
De retour en Europe,
Nostradamus devient Grand-Maître de la Rose-Croix et est placé
par cette puissante société hermétique à la Cour des Valois
pour y veiller à l'exécution du plan secret du gouvernement.
N'est-ce pas là un belle légende, difficile à vérifier,
d'autant plus que le mouvement rosicrucien ne se manifestera
publiquement qu'un demi-siècle après la mort du mage de Salon,
et qu'il y a une grande probabilité pour qu'il ne se fût pas
encore montré au temps où vivait Nostradamus ?»
On peut néanmoins se
demander si le médecin-astrologue n'aurait tout de même pas fait
partie d'une société secrète initiatique : des indices
autorisent cette supposition, ne serait-ce que ce quatrain des
«Centuries» :
«Les dix calendes d'avril
de faict gothique
Ressuscité encore par gens
malins ;
Le feu éteint et,
assemblée diabolique
Cherchant les os du d'Amant
et Pselin»
«Les dix jours de fête
gothique d'avril
Encore ressuscités par des
gens malins
Le feu éteint et
l'assemblée diabolique
Cherchent les os du d'Amant
et Pselin»
Ce dernier vers devrait se
lire ainsi : «Cherchent les os du démon de Psellus». Or, ce
Michel Psellos, latinisé en Psellus, était un philosophe
platonicien de Byzance qui vécut au XIe siècle de notre ère et
qui laissa des textes magiques dont l'influence fut énorme sur
les initiés occidentaux de la Renaissance. De ce quatrain se
dégage donc la description d'une scène d'évocation magique
pratiquée par une assemblée rituelle (et diabolique) d'initiés,
qui cherchent à atteindre l'illumination chère aux gnostiques de
tous temps.
Cette initiation, à la
fois platonicienne et kabbalistique, n'allait-elle pas à
l'encontre de la religion catholique officiellement affichée par
le grand voyant de Salon ? Oui, si l'on s'en tient aux critères
étroits du XIXe siècle, au cartésianisme étriqué de nos
grands-parents. Non, si l'on se met à la place d'un homme de la
Renaissance. Cet homme ne met pas à l'index ces coexistences :
pour lui, il n'y a pas encore de scission entre la voie religieuse
occidentale traditionnelle et l'ésotérisme, qu'il soit
judaïque, arabe ou alexandrin à l'origine. Nostradamus a donc
pu, en son XVIe siècle, sans la moindre hypocrisie, sans la
moindre tache d'hérésie, être en même temps un catholique
très dévot et un mage initié aux plus hauts secrets
spéculatifs et même opératifs, y compris l'évocation des
puissances angéliques.
Faisons donc confiance à
la devise accompagnant ses armoiries : «Soli Deo». (A Dieu seul)
On doit croire au sérieux
de Nostradamus et on ne peut que constater la réalité de
certaines de ses prédictions, du moins les plus claires, si l'on
est un sceptique forcené. Il possédait une vision symbolique
dont il n'avait peut-être pas conscience lui-même, vision
inspirée par Dieu ou par une puissance autre, si vous êtres
incroyant ...
Le temps existe-t-il en soi
? N'est-il pas qu'un point appelé quatrième dimension, ce point
de rencontre entre le passé, le présent et le futur ? S'il en
est ainsi, certains esprits capables de quitter notre univers aux
trois dimensions, pour celui de la quatrième, peuvent connaître
le passé comme le futur, voir ce qui a été et ce qui sera ...
Tels seraient les voyants, tel aurait été Nostradamus.
Et c'est bien l'impression
que nous donnent certains quatrains où le visionnaire a
réellement vu certaines scènes futures décrites parfois avec,
au beau milieu de l'événement historique capital, un petit fait
concret secondaire qui nous déroute ou, si nous l'identifions,
qui nous fournit une preuve supplémentaire et irréfutable de la
véracité de la prédiction.
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