La science sacrée des astres

ou l'astrologie chez les Hébreux

Au fil des millénaires, les Hébreux ont su préserver
le caractère sacré de la science des astres, notamment grâce à la kabbale. 

 

 

Ce sont des tablettes gravées telles que celle-ci qui témoignent des premières formes de l'écriture.

Pour des raisons assez faciles à comprendre, mais sur lesquelles nous ne nous étendrons pas ici, les historiens du dix-neuvième  et du vingtièmes siècles se sont bien peu préoccupés de découvrir les origines, historiques donc, de l'astrologie. Il a fallu attendre les découvertes archéologiques du Proche-Orient, entamées à la fin du dix-neuvième  siècle, et souvent interrompues en raison des guerres successives qui ont déchiré l'Europe et le monde durant tout le vingtièmes siècle, qui fut le siècle le plus meurtrier de l'Histoire, pour que le voile se lève. 

Ainsi, après avoir mis la main sur de nombreuses tablettes gravées en écriture cunéiforme, témoignant des origines de l'écriture employée de façon méthodique et systématique, dans les régions de l'Irak, de la Syrie et du Liban actuels notamment, quelques historiens furent bien obligés de parler d'une “science des présages ”, devenue même une véritable religion en certaines périodes de l'Antiquité, à côté d'une “science des nombres ”, entre autres.

Ces sciences, quand bien même elles nous semblent désuètes aujourd'hui, n'en font pas moins partie de notre patrimoine culturel. Et à propos de l'astrologie et du zodiaque, force est de constater que, malgré les interprétations diverses qui en furent faites tout au long de l'Histoire, il s'agit bien d'une science omniprésente dans toutes les civilisations antiques, les ayant peut-être même précédées, si elle ne fut pas à l'origine de certaines d'entre elles. Car l'astrologie telle qu'elle fut envisagée par nos ancêtres relevait d'une véritable vision cosmique, à la fois mystique, spirituelle et religieuse du monde et de la vie, mais aussi pragmatique, organisée et utilitaire. Or, sans une approche aussi objective que possible, sans une étude approfondie des principes sur lesquels reposait, et repose encore d'ailleurs, cette science du passé-que des astrologues contemporains ont maladroitement et vainement tenté d'actualiser-qui fut pour beaucoup dans notre vision du monde vivant et dans l'évolution de notre pensée, nous ne pouvons pas comprendre comment nous en sommes arrivés là.

UNE INTERPRÉTATION MYTHIQUE ET POÉTIQUE DU MONDE

Il est vrai que, de nos jours, dire d'une science qu'elle peut être sacrée, ou qu'elle put l'être par le passé, nous semble complètement aberrant, au regard des désastres journaliers produits non pas par les sciences, mais par les applications anarchiques, déraisonnables, scandaleuses qu'en font certains, qui gaspillent et gâchent plus qu'ils ne préservent notre environnement et améliorent notre vie. Pourtant, si l'on en croit la tradition mystique juive, notamment celle qui fut véhiculée grâce au code de la kabbale, l'astrologie fut bien une science sacrée, ignorée des astrologues contemporains, minimisée par les historiens, rejetée radicalement par les religieux, qu'ils soient juifs ou chrétiens. Si l'on veut bien visiter la Bible sous l'angle d'une interprétation mythique et poétique du monde, qui était celle de nos ancêtres (il faut entendre ici mythique et poétique au sens originel de ces mots : mythique, dont la racine étymologique signifie “murmure ”, fait allusion à l'enseignement oral, dont on sait bien sûr qu'il a durablement précédé l'enseignement écrit ; et dans poétique résonne l'acte créateur qui est à l'origine de la vie), on s'aperçoit que son contenu regorge de références aux mythes donc, mais aussi aux symboles, à la magie, aux rites et pratiques chamaniques, aux arts divinatoires, à la voyance et aux prévisions. En résumé, les fondements mêmes de tous les récits bibliques de l'Ancien et du Nouveau Testament reposent sur ce que l'on peut considérer sous l'angle d'une banalisation de l'irrationnel, organisé d'un point de vue ésotérique.

Par exemple, la prééminence du Nombre 7, auquel il est fait allusion à 77 reprises dans l'Ancien Testament, n'est évidemment pas le fruit du hasard. Comme on le sait, la hiérarchie céleste primordiale est constituée de 7 astres-dieux qui gouvernent le zodiaque mais qui, du point de vue de l'expérience mystique ou psychique individuelle, constituent aussi les 7 étapes à franchir sur la voie de l'éveil de la conscience. Et à propos de conscience, profitons- en pour souligner que les sources d'inspiration de la psychanalyse, science de l'inconscient élaborée par Sigrnund Freud, sont toutes présentes dans le Talmud et la Torah, mais aussi dans la kabbale, qui furent, comme on le sait, les supports de la culture du grand médecin autrichien.

" On trouve dans les espaces infinis [....] des figures et des signes à l'aide desquels il est possible de percer les mystères les plus profonds. Ce sont les constellations et les corps célestes qui les tracent [...] " (Zohar)

UNE SCIENCE SACRÉE AU SERVICE DU POUVOIR

Mais du fait même que les êtres humains présentent rarement de bonnes dispositions à la sagesse et que, depuis des temps immémoriaux, et de nos jours plus que jamais, ils nous démontrent à quel point ce sont surtout le pouvoir, la possession et la puissance qui les motivent, on peut comprendre les raisons qui ont poussé Moïse à se déclarer " contre " l'astrologie dans ses lois. En effet, nous devons bien comprendre qu'à l'origine l'astrologie était utilisée aux fins de réaliser des prévisions d'ordre collectif : concernant essentiellement l'évolution prévisible du climat dans un premier temps, puis celui des nations dans un deuxième temps. Cette pratique de l'astrologie constituait donc un pouvoir réservé aux seuls initiés. Dès lors, il s'agissait d'une science jalousement gardée, relevant du secret d'État, qui fut l'objet d'un interdit. Cela ne signifie pas que les Hébreux ne pratiquaient pas l'astrologie, mais que chez eux aussi elle était réservée à une élite.

LE SEPHER YETSIRA

On trouve ainsi dans le Sepher Yetsira -un petit traité de kabbale rédigé sans doute pour la première fois au V1e siècle avant notre ère, mais dont les principes et préceptes sont sûrement beaucoup plus anciens, et que l'on surnomme " le livre de la Formation " -tous les fondements de l'astrologie ancienne, considérée comme une science sacrée.

Selon ce précis, cette science est fondée sur des exposés concernant les structures complexes de l'énergie qui, à ce jour, non seulement n'ont jamais été démentis par les découvertes et démonstrations de la physique moderne, mais sont abondamment confirmés par la physique quantique et la théorie du chaos. D'après le Sepher Yetsira, le nom de chaque élément qui compose le zodiaque permet à l'astrologue de disposer d'une perception vivante de ce qu'il représente symboliquement et analogiquement. Par exemple, Saturne n'est pas simplement l'astre que nous connaissons, et auquel nous nous référons en astrologie. Il se nomme Schabataï en hébreu et, selon le code de la kabbale, est constitué des lettres-Nombres Schîn-Beith-Tâv-Yod, qui constituent ensemble une espèce de théorème ou de formule complexe, qu'en aucun cas on ne peut enfermer dans des schémas ou concepts immuables. On voit donc comment, pour les Hébreux, l'astrologie fut élevée au rang de science sacrée.