Naissance du zodiaque des constellations

ou l'astrologie en Mésopotamie

Si les premières preuves historiques de l'existence de l'astrologie remontent à 2300 ans
avant notre ère environ, tout laisse supposer qu'elle est en usage depuis au moins 8000 ans.

 

QUELQUES REPÈRES HISTORIQUES

C'est aux environs de 6 000 avant notre ère, soit il y a 8 000 ans, que des peuples, d'origine inconnue des historiens pour le moment, mais sans doute venus par la mer ou d'au-delà des mers-d'où leur nom de Sumériens, s'installent dans une région qui correspond à l'Irak actuel. Grâce à l'irrigation, à des prouesses d'imagination, à des inventions géniales, mais surtout à des efforts acharnés dont on peut difficilement estimer l'ampleur de nos jours, ils parviennent à transformer un désert en terre fertile, en exploitant les eaux du Tigre et de l'Euphrate, posant ainsi les fondements d'une civilisation qui va devenir le berceau culturel de l'Occident. Ainsi, après avoir abandonné qui la cueillette et la chasse, qui le nomadisme pastoral, ce qui fut sans doute un petit nombre d'individus issus d'un peuple venu on ne sait d'où devient agriculteur et sédentaire et, de ce fait, sujet à de nombreuses convoitises. Quoi qu'il en soit, les progrès-que l'on peut dire techniques déjà-qu'il accomplit lui permettent de “croître et multiplier ”, de s'enrichir, de prospérer, tant et si bien que les premières cités- temples apparaissent, dont l'une d'elles, Uruk, surpasse toutes les autres en grandeur et en richesse, et devient en quelque sorte la capitale du pays de Sumer.

Le roi Assurbanipal  fonda une vaste bibliothèque répertoriant plus de 30 000 tablettes, pour les savants et astrologues qui veillaient sur son destin.

Ces événements se produisent à partir de 3 700 avant notre ère. Mais cinq siècles plus tard, les cités-temples se transforment peu à peu en cités-États, comme si les rois, devenus de grandes figures mythiques, rassembleurs, guerriers et conquérants, imposant leur personnalité et considérés comme des dieux ou demi-dieux incarnés par leurs sujets, avaient déjà fait se transformer, lentement mais sûrement, le pouvoir religieux en pouvoir politique. Toutefois, c'est dans des cités-temples telles qu'Uruk, Lagash et Ur-où Abraham va naître et devenir le premier patriarche et prophète du peuple hébreu, vers 1 800 avant notre ère, soit environ 1 000 ans après la fondation d'Ur dont un cimetière énigmatique a laissé des vestiges incomparables (lire à ce sujet Initiation à (l'Orient ancien, présenté par Jean Bottero, éditions du Seuil, 1992) - que se rassemblent et s'organisent les nombreuses divinités tutélaires qui devaient sans doute, à l'origine, accompagner les différents groupes d'hommes et de femmes émigrés sur cette nouvelle terre, qui ont dû emporter avec eux leurs dieux et leurs croyances.

En d'autres termes, la religion sumérienne apparaît vers 3 500 environ dans la cité-temple d'Uruk surtout, la plus grande et la plus riche, celle qui possède aussi le temple le plus majestueux.

 

COMMENT SONT NÉS L'ASTROLOGIE ET LE ZODIAQUE DES CONSTELLATIONS ?

C'est donc aussi à partir de cette période que semble naître l'idée selon laquelle les êtres humains furent créés par les dieux pour les servir, puis finalement divinisés à leur tour, comme le relate la légende mythique de Dumuzi, homme-dieu de la fécondité, berger divin et époux d'Inanna-Ishtar, figure de Déesse-Mère de l'antique. Dumuzi prend surtout une importance primordiale en Akkad, qui lui porte un véritable culte, vers 2 350 avant Jésus-Christ. Dès lors si, comme on l'a vu, à Sumer les dieux étaient innombrables, les Akkadiens, d'origine sémite, et qui vont supplanter les Sumériens à partir de 2 500 avant notre ère environ, vont organiser une espèce de hiérarchie céleste et de gouvernement divin, sans doute forgés à l'image des structures sociales, économiques, politiques qu'ils ont mis au point dans les cités-temples sumériennes, transformées par eux en cités-États.

Force est de constater que si les Sumériens se sont révélés inventifs et créatifs-ne serait-ce qu'en apportant à l'humanité deux techniques qui vont transformer et accélérer son évolution : l'irrigation (vers 6000 avant Jésus- Christ) qui va favoriser le développement de l'agriculture, et l'écriture (vers 3 800 avant Jésus-Christ) dont on connaît les nombreux atouts -, les Akkadiens furent quant à eux d'habiles opportunistes, pourvus d'un esprit pratique et d'un pragmatisme qui leur permirent d'optimiser les géniales découvertes des Sumériens.


C'est dans ce contexte que semblent donc apparaître tous les éléments qui vont conduire, beaucoup plus tard, à la création du zodiaque tel que nous le connaissons encore aujourd'hui. Ainsi, les Akkadiens, vouant un culte au dieu Lune (
Sîn), réalisent les premiers calendriers lunaires vers 2 500 avant notre ère. Toutefois, 1 500 ans plus tôt, les Sumériens et les Élamites avaient déjà établi les premières listes et cartes de constellations ! Ce qui nous laisse envisager une naissance de l'astrologie datant d'au moins 8000 ans, et sans doute même antérieure.

Le dieu Lune Sîn, le dieu Soleil Shamash, l'étoile à huit branches d'Ishtal ; les dieux Anou et Bnli et le poisson-chèvre du dieu de l'eau Ea.

 

Cependant, historiquement parlant, c'est l'année 2 259 avant notre ère qui est prise comme celle du premier témoignage réel et officiel de l'existence de l'astrologie, une tablette d'argile, gravée en écriture cunéiforme akkadienne par un scribe astrologue indiquant clairement la mort annoncée du roi d'Akkad Naram-Sîn, laquelle s'était produite au même moment qu'une éclipse lunaire. Le zodiaque était alors constitué de 18 constellations distinctes, qui se trouvaient sur le parcours de Sîn, le dieu Lune, suivi de Shamash (le Soleil), puis de Dapinu, “ le Fort ”, ou Marduk (Jupiter), d'Ishtar (Vénus), de Nergal (Mars), de Shihtu, “ Celui-qui-s'élève ”,  ou Nabu (Mercure), et enfin de Kayamânu, “ le Lent ”, ou Ninurta (Saturne), qui composaient la hiérarchie divine astrale. Signalons que le nom de Marduk (Jupiter) aurait été composé à partir des noms plus anciens Amar et Utuk, pouvant être traduits par “Enfant-Soleil ”, ce qui laisse supposer que les Suméro- Akkadiens “savaient ” que Jupiter était une étoile avortée, ce qu'ont démontré les astrophysiciens contemporains.

Signalons encore que, selon une légende mythique cosmogonique récurrente sumérienne, puis akkadienne, c'est Marduk qui, en tranchant Tiamat, incarnation de la Déesse du Chaos primordial, a créé la Terre et le Ciel, en faisant du second une réplique exacte de la première. En d'autres termes-et c'est là le fondement même de l'astrologie-le Ciel est perçu comme le miroir de la Terre.