Parmi les phénomènes naturels, le cycle œstral est
certainement l'un de ceux qui furent essentiels à l'évolution
de l'être humain dansson milieu naturel. |
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Si l'esprit humain devint inventif ce fut toujours à des
fins utilitaires. En effet, tout porte à croire que ce sont des
circonstances plus ou moins hostiles ou des bouleversements
s'étant produits dans son milieu, climatiques notamment, et
d'une importance suffisamment grande pour déstabiliser les
groupes d'hommes et de femmes qui vivaient dans le grand jardin
de la nature il y a plusieurs centaines de milliers d'années,
qui contraignirent l'être humain à développer son
intelligence et son esprit inventif afin de s'adapter à
l'évolution de son contexte, se protéger des éléments,
survivre finalement.
DU CYCLE OESTRAL AU CYCLE ASTRAL
C'est donc dans leur milieu naturel que nos lointains
ancêtres en vinrent à faire des observations sans lesquelles
ils n'auraient pas pu survivre, si l'on veut bien comprendre
que, brusquement, pour des raisons qui n'ont pas encore été
formellement établies, il ne leur suffisait plus de tendre la
main pour cueillir un fruit, il ne trouvaient plus de quoi
subvenir à leurs besoins. Toutefois, nous voulons souligner ici
un processus qui nous semble naturel de nos jours mais qui, à
bien y regarder, est parfaitement surnaturel.
Or nous ne pouvons pas imaginer que ce phénomène
extraordinaire n'a pas joué un rôle fondamental dans
l'évolution de l'être humain. Il s'agit du fameux cycle
œstral qui, comme son nom l'indique, est régulier et
prévisible chez tous les animaux de la Terre, sauf chez la
femme et l'homme. En d'autres termes, les animaux ne
s'accouplent que dans la phase dite de l'œstrus où se
produisent l'ovulation et le rut. Et même si, aujourd'hui, les
naturalistes et zoologistes ont admis que de très nombreuses
espèces animales s'adonnent à des mœurs sexuelles que l'on
pourrait dire très libres, il semble bien que ce qui distingue
l'espèce humaine de l'espèce animale, c'est surtout cette
faculté que possèdent les êtres humains à s'abstraire du
cycle œstral.
À quel moment certains individus sont parvenus à s'en
détacher, maîtrisant ainsi peu à peu et plus ou moins leurs
instincts, les sublimant ou les rendant tributaires des
sentiments, des pensées, de la volonté ? Nous ne le savons
pas. Toutefois, si l'on observe les comportements des hommes et
des femmes contemporains, on peut supposer que ce sont ces
dernières qui, les premières, ont su contrôler leur corps
dont le cycle menstruel fut sans doute l'un des premiers signes
les guidant sur cette voie.
Or, comime nous le savons tous, il y a une corrélation
évidente entre le cycle menstruel, le cycle œstral et le cycle
lunaire. Qui plus est, dans la plupart des mythes cosmogoniques,
le monde naît d'un œuf cosmique ou du chaos originel, à
partir duquel surgissent le Ciel mythique, d'aspect sphérique
et féminin, et la Terre, mythique également, de forme carrée
et masculine.
LE CIEL, MIROIR VIVANT DE LA TERRE
En observant le ciel à partir d'un point fixe sur la Terre,
il est impossible de ne pas y voir des répétitions, des
rythmes, des cycles. L'astre de la nuit y fut sûrement l'un des
tout premiers repères, car il est plus aisé d'observer à l'œil
nu les mouvements apparents de la Lune dans le ciel nocturne
étoilé que de suivre les déplacements, apparents eux aussi,
du Soleil dans le ciel diurne.
En contemplant ainsi, avec de plus en plus d'attention et de
précision, les rythmes cycliques des mouvements de la Lune et
des étoiles dans le ciel nocturne, nos ancêtres relevèrent
des coïncidences entre certains phénomènes terrestres et
d'autres célestes. À partir de ces coïncidences,
c'est-à-dire de ces événements naturels simultanés, ils
établirent des présages ou, si l'on préfère, des relations
de cause à effet entre les mouvements cycliques et constants
des astres et certains phénomènes, tout aussi cycliques et
constants, qui se produisaient sur la Terre, comme par exemple
les périodes de floraison et de fructification, le
réchauffement ou le refroidissement de l'air ambiant,
l'apparition des vents et des pluies, etc. Dès lors, pour les
raisons que nous avons déjà exposées, et du fait même
qu'elles furent toujours proches de la nature, soucieuses de
vivre en osmose avec leur milieu et attentives aux cycles, les
femmes plus que les hommes et sans doute avant eux, ont dû
percevoir le processus qui permet à la graine enfouie dans la
terre de se transformer en herbe, en plante, en arbre puis en
fruit.
La naissance de l'agriculture, qui ne se fit pas en un jour,
fut une véritable révolution culturelle pour l'être humain.
Elle l'induisit à passer du stade nomade, errant, itinérant,
au stade sédentaire. Cette sédentarisation fut à l'origine
d'une volonté de se sécuriser, de se protéger des brusques
changements climatiques, apparemment imprévisibles, et qui
pouvaient compromettre, parfois radicalement et totalement, la
survie d'un groupe humain.
Ainsi, l'observation des coïncidences entre les phénomènes
cycliques célestes et terrestres devint une nécessité vitale.
Les prévisions météorologiques furent donc les premières à
être exploitées couramment pas nos ancêtres. En d'autres
termes, d'un point de vue pratique, les premiers astrologues
étaient avant tout météorologues. En témoignent ces
prévisions, établies au milieu du l er, millénaire avant
notre ère, dont les principes d'observation étaient déjà
depuis fort longtemps expérimentés, bien avant que l'écriture
cunéiforme ne soit inventée : "Si, le 15 du mois de
Shabat (janvier-février), la planète Ishtar (Vénus), après
avoir disparu à l'est et être demeurée trois jours
invisibles, reparaît le 18 à l'ouest fort débit des sources ;
pluies abondantes; beaucoup d'eau dans les rivières." (Jean Bottéro, "l’Astrologie est née en Mésopotamie
", in Initiation à l'Orient ancien, éditions du Seuil,
1992.)
Le ciel devint donc le miroir vivant de la Terre. Il
suffisait pour nos ancêtres de l'examiner scrupuleusement, en
enrichissant leurs observations qu'ils expérimentaient d'un
point de vue utilitaire, de se les communiquer de génération
en génération, par transmission orale d'abord, écrite
ensuite, pour prévoir avec de plus en plus d'efficacité, à
partir de ces relations de cause à effet se produisant assez
régulièrement entre des phénomènes célestes et terrestres,
certains événements, afin d'en anticiper les effets positifs
et les conséquences fâcheuses et de préserver ainsi le
bien-être et la survie de leur communauté.
C'est grâce à son observation du ciel que l'homme s'est
adapté à son milieu naturel. |
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