LE FEU DE
VULCAIN
PRÉSENTATION ET EXPLICATION DU CODE
" Maître, que dois-je faire pour comprendre tes
prophéties ? "
" D'abord, tu dois les détruire. "
LORSQUE L'HOMME que nous connaissons sous le nom de
Nostradamus sentit que sa fin approchait, et que l' oeuvre de
prophétie qui l'avait absorbé pendant de très longues années lui parut
complète,
il réunit toutes ses notes, ses livres et ses documents... et
il les brûla !
Manuscrit autographe de Michel de
Notre - Dame, dit Nostradamus (1503, Saint-Rémy-de-Provence -
1566, Salon-de-Provence)
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Dans la préface de ses prophéties, il écrit qu'il les
avait offertes à Vulcain, le dieu romain du Feu et du Travail
des métaux. Et lorsqu'il brûla son oeuvre, le feu qui jaillit
était bien plus vif et brillant qu'on ne pouvait s'y attendre,
exactement comme s'il se fût agi d'un véritable feu de forge.
Dans sa collection figuraient de très anciens manuscrits
d'occultisme et de
nombreux ouvrages traitant de la méthode rituelle permettant de
prophétiser. Les a-t-il
brûlés également de crainte qu'ils ne tombent en de mauvaises
mains ?
En vérité, on ne sait pas exactement ce qui a été
détruit. Il est possible, en
effet, que ces étranges et brefs quatrains dont nous disposons aujourd'hui ne soient pas les
véritables prophéties; les écrits brûlés seraient, alors, les originaux, des prédictions " en clair ",
qu'il aurait ensuite
" traduites " en langage obscur pour les déguiser.
Une autre hypothèse
n'est pas à exclure : l'allusion à cet autodafé n'est
peut-être destinée
qu'à attirer notre attention, nous autres hommes du futur, pour
nous délivrer un message. Car
Nostradamus n'était pas homme à utiliser une
telle image sans raison. Cette thèse est défendable, puisque,
dans cette même
préface, il assure avoir condensé ses prophéties sous cette forme confuse et absconse pour
éviter que les hommes de son temps et ceux
des générations futures n'en sachent trop sur les
transformations du monde.
Des changements, ajoute-t-il, qui allaient être si profonds, si
importants que personne ne
comprendrait ses prédictions avant que les événements
ne soient advenus - et l'on peut constater que cette prophétie s'est amplement vérifiée!
Il est vrai que les choses ont beaucoup changé - bien au -
delà de l'imaginable -
depuis le temps de Nostradamus, alors que la ressemblance est relativement grande entre
l'Antiquité romaine et le XVIe. siècle,
pourtant
séparés d'un millénaire et demi.
Vers 1550, en France, la Renaissance ne faisait que
commencer; on redécouvrait
l'astronomie et les mathématiques grecques, et les lettrés parlaient couramment latin et
grec. Mille ans après la chute de Rome, on ne
connaissait encore que la traction animale !
Alors qu'il ne s'est écoulé que quatre siècles et demi, un
homme de cette époque
transporté dans le monde moderne se croirait le jouet des démons. il découvrirait les
automobiles qui permettent d'effectuer en quelques
heures un voyage qui, alors, prenait des jours, voire des semaines, et il verrait
apparaître des événements sur d'étranges lucarnes au
moment même où ils se déroulent à des milliers de
kilomètres. il apprendrait
que, en quelques dizaines d'années, nous avons réussi à voler
dans les airs, puis à
atteindre d'un coup d'ailes des terres encore inconnues
ou mystérieuses au XVIe. siècle, et, finalement, que nous
avons exploré des
planètes lointaines... tout en malmenant et en abîmant notre vieille Terre. Et il
constaterait aussi que nous avons mis au point des armes
redoutables, capables de détruire l'humanité tout entière.
Comment imaginer que Nostradamus, dans sa maison provençale,
entouré de ses vieux
grimoires, ait pu " voir " de tels bouleversements ? Cette idée semble a priori
absurde, mais il peut également s'agir d'une chose
si extraordinaire qu'elle mérite assurément un examen des plus
approfondis...
Car, malgré l'incompréhensibilité des vers qu'il nous a
laissés, il apparaît
que cet homme avait réellement quelque idée de l'épopée fabuleuse des quatre siècles
à venir. Il décrit, en effet, des situations qui ressemblent
étrangement à des événements qui se sont produits longtemps
après sa mort. Ses évocations étonnantes, pleines de vie,
montrent qu'il avait
conscience de l'ampleur des transformations qu'allait connaître
l'humanité. Certaines
semblent même refléter les combats aériens, la bombe
atomique et la conquête de l'espace. Et pourtant, ces quatrains
ont l'aspect éclaté d'un
puzzle; à les lire, on a un peu l'impression de chercher
à comprendre la réalité d'une scène en la regardant dans un miroir grossièrement
déformant. A un certain moment - et nous croyons que
Nostradamus était alors beaucoup plus jeune que ne le pensent
la plupart des
commentateurs -, ce génie s'est assigné l'énorme tâche de faire entrer l'humanité dans
une ère nouvelle en lui révélant son pouvoir de
prophète. Mais, s'il était très à l'aise dans son siècle et
dans la société de
son temps, il semble avoir porté comme un fardeau ce don qu'il
voulait faire et que
ses contemporains étaient incapables de recevoir .Comment, en effet, aurait-il pu dire à
ces hommes qui allaient à cheval par des chemins
de terre que leurs descendants, quatre siècles plus tard, voleraient jusqu'à la Lune ?
Ils lui auraient ri au nez !
C'est donc à nous, qui sommes les témoins de ces miracles
et qui pouvons les comprendre, à nous qui vivons le passage d'un
millénaire au suivant, d'un monde à l'autre, que Nostradamus a voulu
parler. Nous sommes sans doute les premiers dans l'Histoire à qui il
pouvait se permettre de tenir un langage compréhensible.
Et si cela est vrai, il a dû se poser une question délicate
: comment faire prendre conscience à des hommes qui vont vivre dans quatre
cents ans qu'il est possible de réellement prédire l'avenir ?
Pour résoudre cette difficulté, il a pu lui sembler
nécessaire de présenter ses prophéties de telle manière que certains
aspects frappent suffisamment les générations pour éviter que ses écrits
ne sombrent dans l'oubli, il savait qu'il serait redécouvert, et il nous le
dit dans une prophétie que nous examinerons plus loin. Alors, qu'a-t-il
détruit par son " feu de Vulcain " ? Sans doute, entre autres, les
premières prophéties qui forment la base des quatrains déformés que nous
connaissons, le " minerai " avec lequel il a façonné ces vers
fascinants. Et comment savoir ce que celles-ci contenaient?
Il n'y a qu'une solution: effectuer le chemin inverse, en
faisant " refondre " les
quatrains jusqu'à ce que la version originale de Nostradamus s'impose.
Pour travailler ces vers comme
il convient, afin d'en extraire l'essentiel, des prédictions claires,
inédites, émergeant de la confusion, il est indispensable de pratiquer
avec méthode.
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